Contrairement à ce qui a pu être dit les tablettes numériques ne créent pas des personnes autistes !!!
Un exemple concret à MARSEILLE : voir ici
Les tablettes numériques peuvent avoir une utilité.
Si l’intérêt des tablettes numériques comme support de communication alternative améliorée n’est plus à démontrer, les outils numériques ont aussi énormément fait progresser la recherche sur l’autisme ces dernières années. Une recherche qui débouche rapidement sur des applications pratiques mises en lumière lors d’une journée d’étude à l’INSHEA.
Diminuer la surcharge sensorielle en ralentissant
Des études pionnières menées, notamment par le laboratoire Psycle depuis le début des années 2000, ont permis de montrer l’existence de difficultés de traitement de l’information rapide chez des enfants avec autisme, confirmant ainsi les témoignages de nombreux adultes autistes selon lesquels « le monde va trop vite« . Les chercheurs ont prouvé qu’en ralentissant les signaux audiovisuels, la reconnaissance des émotions, la capacité d’imitation et la compréhension verbale s’améliorait chez certains enfants tandis que les comportements inadaptés diminuaient.
De plus, de récents travaux en oculométrie (technique permettant d’enregistrer les mouvements oculaires) attestent d’un accroissement de l’attention de certains enfants autistes pour le visage d’autrui présenté au ralenti, et plus particulièrement sur ses yeux et sa bouche, ce qui leur permet de stabiliser leur regard sur des indices cruciaux pour la communication sociale. Cet effet est d’autant plus prononcé que les enfants sont exposés plus fréquemment à des séquences ralenties. En collaboration avec la société Auticiel, le laboratoire Psycle a mis au point Logiral, une application numérique (à télécharger gratuitement) qui permet de ralentir le son et l’image de tous les films présentés sur tablettes Ipad et Android ainsi que sur ordinateur.
Prendre conscience de son corps
Gaël Poli, psychologue du développement au centre Tedybear de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) et Paris a présenté la recherche appliquée qu’il mène sur l’apport d’un outil comme la kinect dans un travail sur la reconnaissance de soi auprès de jeunes autistes non verbaux. « On sait que le déficit de reconnaissance de soi a une incidence sur le parcours de développement de l’enfant. Un enfant est capable de se reconnaître dans le miroir entre 18 et 24 mois mais sur l’enfant autiste, on manque d’information, explique-t-il. Cette question est pourtant importante puisque de plus en plus de recherches font l’hypothèse que les troubles autistiques seraient la conséquence de dysfonctionnements posturaux et moteurs : mauvaise image du corps, mauvais ciblage des mouvements, absence d’anticipation des conséquences des actions.«
Et si on manquait d’information sur la conscience du corps des autistes non verbaux, c’est parce qu’on ne savait pas comment la mesurer avant l’utilisation de la kinect. Cette « super-camera » développée à l’origine par Microsoft pour sa Xbox permet de se confronter à son reflet (comme dans un miroir) son ombre ou même son exosquelette. Elle permet ainsi de connaître son corps, d’observer ses mouvements à l’écran et de s’attribuer des représentations plus ou moins reconnaissables. De plus, le côté ludique de l’étude est un aspect non négligeable dans l’adhésion des enfants.
Gaël Poli a travaillé avec quinze enfants âgés de 5 à 7 ans. Résultat : dix d’entre eux reconnaissaient leur reflet, huit reconnaissent également leur ombre, six font le lien entre leur corps et les mouvements de l’exosquelette — un petit garçon enlève même son tee-shirt pour voir si son corps n’est pas devenu filiforme — et cinq ne font pas le lien entre l’image projetée et leur propre corps. L’intérêt de ce constat, c’est de pouvoir proposer ensuite des activités permettant à l’enfant de prendre conscience de son corps, en tenant compte de l’âge de développement ainsi constaté. Là, l’équipe de Tedybear utilise le logiciel Pictogram room, un logiciel gratuit mis au point par une équipe de l’université de Valence (Espagne) qui permet de travailler sur l’attention, le schéma corporel et l’imitation. Le résultat de cet entraînement fera l’objet d’une prochaine étude.
La tablette, un outil de communication utile et individuel
De plus en plus d’établissements ont investi dans les tablettes numériques, avec des logiciels libres ou des logiciels payants dédiés, comme Amikeo de la société Auticiel. « La tablette est un excellent outil pour mettre en place une communication alternative améliorée (CAA), commente Camille Fallot, orthophoniste à l’institut médico-éducatif (IME) Cour-de-Venise à Paris (Autisme en Île-de-France). Quand nous avons fait le choix du passage d’un système de communication par échange d’images (PECS) à une formule sur tablette, nous avons remarqué un intérêt et un investissement accrus des jeunes et des familles pour l’outil ajouté à l’apport non négligeable de la synthèse vocale. Cet outil, paramétrable individuellement encourage la communication spontanée et la prise d’initiative, elle permet de gagner en autonomie.« Un avis partagé par Françoise Infante, psychologue à l’IME de la Maison sésame autisme à Lyon : « La tablette permet de gagner en lexique, en syntaxe, en mémorisation, en interaction. Elle aide à la planification. De plus, elle correspond assez bien au mode de fonctionnement des autistes qui aiment apprendre seuls, à leur rythme. Pour être efficace, cet outil doit être individuel et personnalisé, il serait temps que les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) en prennent conscience ! »
Extraits Source : HOSPIMEDIA
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